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Coup de Pouce Langage (2): Pratique avec des GS de maternelle

Inspirée du principe « Coup de Pouce Langage » (voir article : Coup de Pouce Langage (1): le principe  ), voici ce que j’ai mis en place avec les grandes sections de maternelle.

 

Le développement du langage est propre à chaque élève alors, bien évidemment, l’idéal, c’est la relation duelle qui est la plus adaptée mais en classe, il n’est pas toujours facile de mettre en place cette modalité.

 

J’ai tenté de mettre en pratique le principe néanmoins avec des groupes de 4 élèves.

 

 

Préalables avec le maître de la classe

 

Un enfant (T.) avait été signalé comme en grande difficulté de langage (trouble du langage). Nous avons convenu avec l’enseignant que je mettrai en place des ateliers de langage à partir d’albums m’inspirant des « Coup de Pouce Langage ».

 

Chaque semaine, je prenais donc un groupe de 4 élèves dont T. pendant 2 séances. Les groupes étaient hétérogènes au démarrage. Par la suite, nous avons constitué des groupes plus homogènes afin que chaque enfant s’y retrouve dans les interactions.

 

 

Je présente ici le déroulement de ces séances.

 

 2010 0824coupdepoucelangage0001Modalité :

-          Objectif : dire une phrase syntaxiquement correcte

-          Durée : 2 séances de  45 minutes

-          Groupe de 4 élèves  de GS (dont un enfant en grande difficulté/au langage : dysphasie)

-          Dans une salle disponible, calme,  hors de la classe habituelle

-          Support : Collection "Grenadine" et "Histoire à Parler" de Laurence LENTIN

 

 

 

 

2010 0824coupdepoucelangage0003

Séance 1 

 

 

 

 

PHASE D’ECOUTE

 

1)      Je demande à l’enfant de choisir le livre qu’il souhaite entendre lire, en précisant pour chacun, les titres.

 

2)      Je commence la lecture en montrant bien que l’on commence par la couverture où figure le titre.

 

3)      Je tourne la page et je lis en montrant bien aux enfants les images pour que de eux-mêmes, ils associent texte et image. Toujours, je demande à un enfant de tourner lui-même les pages. (Il est actif, son attention se maintient.)

 

4)      A la fin de la lecture, je ferme le livre.

 

PHASE D’EXPRESSION LIBRE

 

1)      J’incite les enfants à regarder librement le livre et à s’exprimer à son sujet, je leur fournis les informations qu’ils demandent, j’écoute leurs anecdotes, je leur demande de me raconter ensemble l’histoire … chacun peut intervenir s’il n’est pas d’accord et s’expliquer.

 

2)      Je demande ensuite à un enfant s’il se sent prêt à raconter l’histoire. Je lui précise d’utiliser le livre pour s’aider. Je le rassure  en lui expliquant qu’il doit raconter car je sais bien qu’il ne sait pas lire encore !

 

S’il est d’accord, je l’enregistre sur mon dictaphone. Généralement, l’appareil est motivant !

  •   Il s’entendra et pourra modifier l’intonation, le son… Réajuster lors d’une séance prochaine
  • Et moi, j’ai plus facile à retranscrire. Pendant qu’il parle je suis disponible pour lui. Le soir, la retranscription me permet de bien repérer ses avancées et ses difficultés en langage

   PHASE : L’ENFANT RACONTE

 

1)      L’enfant raconte en s’aidant du livre.

  •   Reformuler ses phrases, l’aider à poursuivre, à utiliser le vocabulaire donné, le questionner pour l’inciter à préciser,… (Attention de ne pas finir sa phrase, ou de donner le début pour qu’il poursuive car, il ne produit alors pas de phrases complètes !)

2)      Nous écoutons ensuite l’enregistrement. Nous faisons des commentaires s’il y a lieu.

 

3)      C’est au tour d’un autre élève.

 

2010 0824coupdepoucelangage0002

Séance 2

 

 

 

 

PHASE D’ECOUTE

 

 

1)      Après un rapide rappel de la dernière séance, j’attaque la lecture du même album, en respectant les mêmes rituels. (couverture, titre, page, image…)

 

PHASE : L’ENFANT RACONTE

 

1)      Le déroulement est le même que lors de la première séance.

 

PHASE RETOUR SUR SOI/ EVALUATION

 

1)      Afin que chaque enfant reparte avec un « souvenir » de l’album que nous avons lu, je photocopie la couverture et les images. Je distribue à chacun sa série d’images, découpée par mes soins au préalable.

 

2)      Ils ont alors pour consigne de les remettre dans l’ordre de l’histoire en étant bien attentif à chaque dessin, en plaçant les images du début à la fin, de gauche à droite.

 

3)      Ils m’appellent pour vérification, me raconte en justifiant leur choix, j’interpelle sur les erreurs, on explique… on corrige…

Le premier des élèves qui a fini peut aller vérifier le travail des autres (échanges toujours intéressants !)

 

4)      J’agrafe les livrets. L’enfant repart avec et pourra  raconter son « album » à la classe (en accord avec le maître), puis à sa famille.

 

5)      Quand j’ai le temps, j’écris leur production en dessous de chaque image.

 

 

Les moins :

-          Tous les enfants ne sont pas actifs en même temps.

 

-          Ecouter l’autre n’est pas leur priorité au début.

 

-          Lors de l’expression libre, ils ne tiennent pas toujours compte des autres.

 

-          L’histoire choisie par un enfant ne fait pas toujours l’unanimité.

 

Les plus :

-          Quand ils sont attentifs l’un à l’autre, on assiste à des échanges, des reformulations, de l’entraide (vocabulaire par exemple).

 

-          Les enfants essaient de dire comme dans le livre et s’approprient donc un langage plus « littéraire ».

 

-          L’enregistrement leur permet un retour qu’ils apprécient et dont ils tiennent compte (modulation de la voix, articulation, être compréhensible…).

 

-          A la fin, ils sont familiarisés avec le livre et ont un rapport face à l’écrit très positif.

 

-          Sens de lecture, titre, auteur, chronologie, usage de nom ou de pronom, accord des temps sont au rendez-vous.

 

-          On voit une évolution quant aux structures de phrases utilisées. T. a énormément progressé et approchait la production de phrases plus complexes (suites de mots, phrases simples, amorces de phrases complexes).

 

-          C’étaient des moments privilégiés que les enfants réclamaient et riches pour moi de révélations (effet petit groupe), aide appréciables  que je transmettais au maître.

 

-          Analyser les productions enregistrées, je reconnais que le travail est laborieux et prend du temps, mais il permet de bien situer l’enfant dans son développement et d’ajuster en fonction de ses besoins.

 

-          Les difficultés repérées ont été discutées avec le maître ce qui a donné lieux à des réajustements au sein même de la classe.

 

 

Ces séances n’ont rien d’exceptionnel mais très souvent, les choses les plus simples sont les plus efficaces et tout aussi propices à divers prolongements intéressants.

 

Ce qui compte aussi beaucoup, c’est que chacun y a trouvé son compte !

 

Je ne doute pas que l’on puisse utiliser d’autres albums pour ce type de travail cependant tous les albums ne sont pas adaptés (texte complexes, phrases coupées, images en décalage avec le texte…).

 

Il n’est pas très facile de trouver « l’album adéquat ». Néanmoins, certains albums de « Petit Ours Brun » pourraient bien s’y prêter, sans doute y-a-t-il d’autres albums tout aussi propices.

 

Sans intervention du RASED, on peut envisager ce type de séances en demandant par exemple, la participation de l’enseignant des Petites Sections probablement disponible au moment de la sieste. On peut aussi profiter des aides personnalisées. Sans doute y-a-t-il d’autres possibilités encore…

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