Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Boimare en primaire: Compte rendu des difficultés

Difficultés rencontrées lors des premières séances menées 

 

 

 

Maîtresse E en RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté), j’interviens dans un cadre particulier : groupe réduit, co-intervention, emploi du temps à adapter en fonction des classes et des écoles, contraintes géographiques ou matérielles, réponse à une demande spécifique…

Les difficultés que j’ai rencontrées dans la mise en place de la démarche de Boimare sont essentiellement :

 

  • ·         Liées aux modalités de fonctionnement du regroupement d’adaptation (2 x 45 mn / semaine)
  • ·         Liées aux difficultés propres aux élèves que je prends en charge

 2010 0806mythologielivre00041)               Contenu de séance super riche donc frustrant car je dois faire des choix guidés par mon « programme » (objectif défini avant la prise en charge du groupe). Il est très facile de s’en éloigner grandement, pas toujours facile de retomber sur ses pieds. Il faut réussir à rebondir efficacement sur les propos, les réactions des élèves, savoir improviser. Cela nécessite donc de bien être au clair sur là où on veut amener les élèves, accepter les très grands détours pédagogiques pour y a parvenir et sans vouloir absolument travailler la compétence prévue au « programme » à chaque séance, accepter de juste s’en approcher.

De toute façon en 45 minutes, on est vite limité.

 

Pour modérer les effets négatifs du facteur temps (contrainte liées aux modalités du regroupement d’adaptation), il apparaît opportun d’inscrire ces séances dans la globalité du fonctionnement classe.

 

 

2010 0817travailoutilphoto0001  2)               Il faut aussi réussir à accompagner vraiment très progressivement l’élève vers la compétence scolaire définie sans qu’il y ait de cassure au moment de la phase finale de la séance, passage à « l’écrit ».

 

Eh oui même moi, je tombe dans le panneau ! Envie de faire rapidement le lien avec les apprentissages scolaires, à en oublier de donner le temps à ces élèves qui en ont le plus besoin. A vouloir tout faire en même temps, on peut se retrouver vite submergé et à côté de la plaque, droit dans le mur.

   

Je pense que cela est aussi lié au contexte, c’est à dire que, en ce moment j’expérimente ce type de séance pour pouvoir l’adapter, je ne suis pas dans une optique globale intégrant le travail en regroupement et le travail en classe.

Ces séances de 45 minutes sont plaquées et non inscrites dans le fonctionnement de la classe.

 

Un travail en équipe est nécessaire, avec répartitions des rôles, clarté des objectifs, contenus de séance, attention mise en œuvre quant au transfert et à l’usage de ce qui apparaît en regroupement pour s’y appuyer en matière d’apprentissage.

 

Enfin bref, il faut que le contrat soit bien clair à l’avance.

 

3)               Au vue des difficultés d’attention/concentration et de compréhension orale des élèves que je suis, il apparaît important et nécessaire d’accompagner la lecture par des supports autres que l’oral de manière à utiliser tous les « canaux de réception ».

 

Il faut mettre des images, des gestes… sur les mots entendus (pour ensuite que l’élève puisse les mettre sur les mots lus), jalonner le « contage» d’aides permettant, soigner la mise en scène (le contexte de narration) :

 

ð  D’entrer dans l’histoire (entrée en matière)

ð  De maintenir l’attention (théâtralisation, mise en scène, …)

ð  De visualiser un peu l’espace et les personnages (carte imaginaire, bonhommes, éléments…) juste de quoi aider à faire un tableau dans sa tête

ð  D’imager le parcours de l’histoire (représentation en ligne ou chemin…)

ð  De favoriser les liens (rappeler des points, interpeler l’élève, …)

 

2010 0817travailoutilphoto0008

 

2010 0817travailoutilphoto0006

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

Lucas (Cp) n’était pas entré dans l’histoire, il ne la comprenait pas. C’est un enfant pour qui l’oral seul est insuffisant pour le mobiliser et lui permettre d’accéder à la compréhension. Dès lors qu’il a eu des supports visuels, il s’est investi, est resté attentif et a pu restituer le récit à l’aide du support image puis sans.  

 

4)               La compréhension doit être effective. Le choix (contenu et complexité) du texte entre en jeu mais ne doit pas non plus être trop restrictifs.

Un texte trop simpliste dénaturerait le récit et il perdrait son intérêt et  sa qualité culturelle.

 

couverture tom pouce 2 L’histoire de Tom Pouce est assez complexe au début, puis très imageante ensuite pour les élèves (le ventre de la vache, le loup, …).

Grâce aux échanges, l’essentiel a été reconstitué (même le début), et l’histoire globalement comprise malgré une syntaxe complexe et un vocabulaire « in-signifiant » (qui ne fait pas de sens pour l’élève).

 

Cette étape prend du temps, mais c’est le fil conducteur qui ne peut être négligé pour étayer le débat à suivre.

 

5)               Autres difficultés : le choix de la question qui sera débattue.

La choisir au préalable peut être rassurant quant aux suites à donner en matière d’apprentissage proprement dit, car cela permet de prévoir le matériel en conséquence mais ce choix ne sera pas forcément en adéquation avec les questionnements des élèves.

 

Partir de ce qui ressort de la discussion est plus pertinent car émanant des élèves eux-mêmes, mais dans ce cas, l’enseignant ne maîtrise pas formellement les suites.

 

Il faut accepter de ne pas maîtriser tout à l’avance et savoir rebondir même sans matériel spécifique préparé préalablement. Et ça, pour beaucoup d’entre nous c’est une situation à risque. Il faut avoir confiance en soi et en ses élèves pour courir ce risque !

 

6)               Le choix de la trace écrite, le passage à « l’écrit », « le temps de suspension » n’est pas facile car il dépend des élèves là encore et bien sûr aussi de l’objectif que l’on s’est donné pour eux.

S’il s’agit de production d’écrit avec des enfants scripteur, ça ira facilement mais pour des élèves non scripteurs, cela nécessite réflexion pour être pertinent afin de favoriser ce « temps de suspension » nécessaire face aux apprentissages et y habituer l’élève (voir article: Développer la culture et le langage à l'école ).

 

 

 

7)               Deux options possibles :

 

ð  Un texte par jour, lecture et langage (compréhension orale et débat) sans aller au-delà  juste pour préparer un terrain favorable (difficilement évaluable) voir pour travailler juste le langage.

 

ð  Plusieurs jours sur un texte pour pouvoir ensuite aborder des apprentissages spécifiques (évaluation plus facile et conforme aux habitudes).

 

 En conclusion...

 

Il faut juste être clair sur ce qu’on veut, penser à long terme avant…

 

Quelque soit l’option choisie, cette démarche est adaptée même à des élèves de cycle 2.

Le RASED peut parfaitement s’y inscrire que ce soit en regroupement d’adaptation  ou en co-intervention.

 

Un dispositif déjà existant pourrait faciliter l’expérimentation, il s’agit des MACLé (module d’approfondissement des compétences en lecture et écriture). Dispositif intensif sur 3 semaines qui pourrait donner un avant goût des modalités de fonctionnement au sein de la classe (avec participation RASED) et susciter l’intérêt auprès des collègues. Pré-requis indispensable pour mettre en place efficacement une telle démarche.

 

Il va falloir que je fasse mes preuves pour rencontrer l’adhésion des collègues, ça, ce n’est pas toujours gagné, en théorie oui mais en pratique pas toujours!

 

Pourtant cette démarche semble plus facile à mettre en œuvre dans une classe que l’on a quotidiennement et que l’on gère plus souplement qu’en regroupement d’adaptation  (modalité plus ponctuelle).

 

Souplesse et temps sont suffisants pour donner suite au débat en matière d’apprentissage. Un transfert immédiat, un suivi quotidien, une évolution à long terme, dans les différentes matières, seront plus facilement appréciables en classe. 

 

A suivre...

 

Forte de ces observations et retours sur moi-même, je ne peux qu’améliorer et enrichir mes interventions, travail que je m’engage à poursuivre tout au long de cette nouvelle année, me donnant pour objectifs :

  • ·         Enrichir mon matériel d’accompagnement de l’écoute (kinesthésique, visuel, auditif…)
  • ·         Choisir des textes favorables aux échanges et en rapport avec les questionnements individuels des élèves (lister ce qui fonctionne bien, analyser ce qui ne fonctionne pas)
  • ·         Réfléchir à des types d’activités en adéquation avec les questionnements émergés de la discussion (lister ce qui fonctionne bien, analyser ce qui ne fonctionne pas).
  • ·         Mettre en place des remédiations  permettant, d’une part, d’optimiser cette démarche (écoute, débat, investissement) et d’autre part de remédier aux difficultés de l’élève
  • ·         Veiller à inscrire ces séances dans le fonctionnement de la classe (faire connaître cette démarche auprès des collègues)
  • ·         Développer le travail sur la compréhension orale et le langage
  • ·         Envisager efficacement l’évaluation (en regroupement et en classe) : produire une grille permettant de visualiser l’évolution de l’élève face aux apprentissages

Voilà pour mes premières expériences "Boimare en primaire". Disons que j'ai un peu défricher le terrain pour y voir clair. Maintenant, je vais enrichir la terre, ratisser, semer,récolter... Un vrai travail de jardinnier!

 

Je tâcherai de rendre régulièrement compte de mon travail pour que chacun puisse se lancer, un jour au l'autre, dans cette démarche, rassuré avec le plus de billes possibles.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
F
bonjour,<br /> je suis maître D en sessad troubles du comportement et je me lance dans la médiation culturelle de boimare. j'ai beaucoup aimé votre rendu d'expérience concernant ce type de pédagogie. J'ai<br /> moi-même quelques interrogations liées aux contraintes de mon poste (semblables aux votres), aux contenus à aborder, au regard des collègues, à l'évaluation...<br /> pourriez-vous me dire où vous en êtes, si vous continuez, le regard de vos collègues ?<br /> je me demande également comment faire pour bien partir des interrogations des élèves lors du débat et ensuite coller à mes objectifs pédagogiques sans sauter du coq à l'âne, tout cela en 1 h de<br /> prise en charge en moyenne?<br /> merci<br /> cordialement<br /> florent
Répondre